Un enfant du pays a illustré son nom au royaume de la maille:

LINARD  HUBERT
1847 – 1919 


QUI EST-IL?

          Linard HUBERT est né en 1847 aux Trois-Maisons. Enfant naturelle, il est cependant reconnu par son père dés sa naissance et légitimé par le mariage d’Alphonse HUBERT, fabricant de bas, et Appoline GODIER, en date du 27 janvier 1851. Sans avoir fait d’études très poussées, Linard se fait embaucher très tôt, chez PORON à TROYES.


UNE CARRIERE D’INVENTEUR

        A cette époque (1862), la société PORON frères vient de s’adjoindre la fabrication du métier bas uni 1 tète d’Arthur PAGET de Loughoborough (métier dit holandais); ce métier datait de 1857 et avait été perfectionné en 1860 par son inventeur. C’était, alors, le matériel pratique par excellence, pouvant s’accoupler à plusieurs têtes et exécutant automatiquement la fabrication, y compris la diminution.
       PORON apporte un nouveau perfectionnement en 1868: la mécanique à diminution pour pieds français qui aussitôt, est modifié par Linard HUBERT.
       En 1872, le 19 août, Linard se marie à Saint Martin de Bossenay avec Zénaïde Rézia PERCOLLET; 3 filles naîtront de cette union.
       Peu de temps après, éclate un différent dans l’atelier de mécanique PORON et la plus grande partie du personnel va passer chez « COUTURAT et Cie » qui recrute ainsi une main d’oeuvre très habile et un mécanicien de génie…
       Dés 1881, Linard Hubert modifie le métier hollandais et cré le métier LINARD qui , surtout employé dans les jauges fines, va sérieusement concurrencer le métier PAGET-PORON. Linard HUBERT et son ami AUGE, chef d’équipe des établissements COUTURAT, apporteront d’ailleurs des perfectionnements continus puisque des brevets furent pris en 1879, 1880, 1881, 1882, 1883 et 1884.


LE METIER LINARD

       Ce métier fut construit non seulement par COUTURAT mais aussi par d’autres maisons troyennes, en particulier la Société Générale. Ce n’est pas, à proprement parler une machine à rendement industriel et il était finalement assez peu demandé; Mais il donnait un tricot d’excellente qualité, à mailles très régulières et à lisières parfaites. Les fabricants le réservaient à la confection d’articles très fins, produits en petite quantité et le confiaient volontiers à des travailleurs à domicile: tels les établissements DORE chez Athanasse FERRY…
       Ces petites machines, entièrement métalliques, à une ou  2 têtes fabriquaient, selon les besoins, Longs ou pieds de bas et chaussettes en toutes jauges. Elles fonctionnèrent d’abord à main puis à moteur. Elles étaient capables de recevoir une multitude de perfectionnements (objets dos, divers Brevets); mécanique à pointe, 3 branches, appareil à rayures 4 ou 5 couleurs, rayures 1/1 et toutes rayures impaires en perdant une rangée, talons arrondis, dispositif pour anglaisage, diminution à double portée mécanique à jour, guilloté, dispositions pour semelles anglaises …
      On pouvait également les adapter pour la fabrication de talons, doigts de gants, pantalons, gilets etc..
        Comment peut-on expliquer une telle productivité au domaine de l’invention ? Toutes ces découvertes sont dignes d’un grand ingénieur sorti des plus hautes écoles Elles n’émanent pourtant que de l’imagination d’un petit bonnetier, issu des Trois-Maisons et qui n’avait fait aucune étude sérieuse?; le génie de l’invention; la bosse et la mécanique, il n’y a pas d’autres réponses…
       Ces nombreux brevets auraient dû apporter l’aisance à Linard HUBERT; ils profiterons d’abord à la maison COUTURAT, et comme depuis la rupture avec PORON, un procès s’éternisait, vous ne serez guère surpris d’apprendre que notre inventeur vécut des derniers jours difficiles….
       Le musée de la bonneterie à TROYES présente 2 métiers LINARD. Le n°11 du catalogue est un métier inspiré du système PAGET, brevet Linard HUBERT. Il est entièrement métallique avec quelques accessoires en bois.
       Voici ses dimensions : Hauteur 1,82 m  Longueur : 0,78 m  profondeur : 1 m.

Il travaillait sur une tête en jauge 20 fin et porte l’inscription :

Brevet Linard HUBERT N°183
Breveté S.G.D.G.

Il était mû par la force motrice; mais la forme du bâti permettait d’y adapter une commande manuelle.

       Le n°12 du catalogue est un métier LINARD pour jersey à mailles unies. Il est entièrement métallique. ses dimensions : Hauteur 1,78 m  Longueur : 0,89 m  profondeur : 0,98 m.
       Ce métier fut construit par COUTURAT en avril 1888, est identique au précédent mais son bâti ne comporte pas de commande manuelle. Il porte également des appareils automatiques  et à marque.


D’AUTRES INVENTIONS

        L’esprit inventif de notre concitoyen se manifeste encore par la mise au point d’une rebrousseuse automatique. Mais il consacra aussi son génie à d’autres domaines que la bonneterie et , en particulier, à l’agriculture. Il créa une charrue à secousses vibrantes et percutantes mûe par un tracteur à vapeur.

C’est pour l’exploitation de cette invention que fut lancée la société « LA CHAMPENOISE ».

Celle-ci aurait pu tirer plus de profit encore d’une autre découverte de Linard HUBERT :  moissonneuse….
       Faut-il encore citer d’autres nouveautés sorties de l’imagination de Linard HUBERT que d’aucuns surent s’approprier ou mieux commercialiser ? la roue élastique, le pneu increvable… et je passe sur les perfectionnements apportés au roulement à billes….
       Linard HUBERT fut enfin un des créateurs de la Ruche Troyenne devenue la ruche moderne, société d’alimentation à succursales multiples.


LES DERNIERES ANNEES

        Breveté dans 32 pays, Linard HUBERT devint un grand voyageur et séjourna, en particulier aux Etats-Unis pour y lancer ses machines agricoles. Mais, médiocre homme d’affaires, il y laissera sa fortune, déjà bien compromise par le procès PORON.
       Domicilié à Troyes, rue Coulommière (siège de la Ruche Troyenne), il passait encore de temps en temps au village natal. Bien que toujours habillé « en bourgeois », il a laissé le souvenir d’un homme affable, à la conversation facile, au regard franc et bon. Il est mort, à peu près complètement ruiné en 1919.


LE TEMPS DU SOUVENIR

        Lors de sa séance du 18 avril 1939, le conseil municipal avait décidé de donner le nom de Linard HUBERT à la rue des Trois-Maisons, portion du C.D.33A, situé entre la C.D.33B et la sortie du village sur Marigny. Hélas, la guerre est venue avant la réalisation du projet. Les plaques de rues n’ont pas été posées à cette époque.
        La ville de Troyes a également honoré la mémoire de Linard HUBERT en donnant son nom à une petite rue de 150 mètres dans le quartier des Sémardes.

Lire un autre récit sur Linard HUBERT

Dernière mise à jour le 11 mai 2019

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